Décodé à dessein

David Farsi


à compter du 8 juin 2025

Codage et langage : inspiré par le partage des émotions sur les médias sociaux, inspiré par la trace de gestes compulsifs, je me suis questionné sur la valeur signifiante de la forme. Comment inscrire des émotions dans un système de codes qui serait compris de tous? En observant les dessins griffonnés des uns et des autres, j'ai remarqué des singularités, mais également de nombreuses similitudes de formes, de processus. Au point de départ : un objet figuratif ou une forme lisible. Puis, l'objet se transforme en dessin incohérent, en formes et signes apparemment indécryptables.

J'ai l'ambition de coder une sorte d'alphabet du gribouilleur. Est-il possible de détacher des formes de ces masses de traits et leur rendre leur unicité? Peut-on penser à une certaine iconicité de ces formes - tels un signe, un pictogramme ou un idéogramme - sortes de gribouilles distraites chargées de sens? Peut-on créer un système d'écriture constitué de ces amas de traits en en faisant des mots, des phrases, les mettre en récit?

L'écriture est une forme de dessin codifié. Les lettres de notre alphabet, les multiples idéogrammes (chinois, japonais...) font partie de nos outils de communication. Au-delà de ça, il existe aussi des images codifiées signifiantes comme celles des pictogrammes, des logos, des idéogrammes utilisés en BD et les fameux émoticônes de notre époque. Ils proposent tous des solutions expressives et signifiantes.

L'écriture et le dessin ont des destins mêlés. Nombre d'artistes-plasticiens ont utilisé la graphie de l'écriture dans la plastique de leurs recherches. Alors, au-delà de l'histoire de l'écriture, j'ai visité le travail d'artistes comme Ben, Boetti, Cozic, Dotremont, Indiana, Mouraud, Opalka, Plensa, Izou, Sifat Quazi ...

J'ai réfléchi au geste du graffeur et au travail du calligraphe. Il y a aussi l'écriture mathématique, le tableau périodique, l'écriture musicale, la langue des signes, la cabalistique... qui m'ont inspiré ; et, bien sûr, comme une évidence contemporaine, nos textos imagés.

Matériellement, je m'intéresse aux découpages de Matisse pour ses aplats de formes, aux Steel drawing de Wesselman qui matérialisent la ligne-contour et la double de l'ombre projetée de la découpe comme un brouillon au crayon de bois, à la découpe des claustras mauresques...

 

 

BIOGRAPHIE

 

Après ses études en ébénisterie et en design d'intérieur à l'école Boule (Paris), David Farsi a développé une carrière d'artiste autodidacte. Influencé par son enfance en Afrique, ses nombreux voyages et sa formation en métier d'art, il s'est construit un univers personnel tel un véritable bestiaire surréaliste. Sa démarche l'a conduit à explorer diverses techniques d'expression comme la peinture, la sculpture, la mosaïque, le vitrail.... De ses explorations, il a développé une expertise de la laque. Reconnu comme spécialiste, ses années de créations parisiennes ont été prolifiques. Il a fait de nombreuses expositions, participé à de nombreux salons et a remporté plusieurs prix.

Au début des années 2000, nourrir sa démarche impliquait pour David Farsi un changement d'espace. C'est à ce moment-là qu'il s'installe au Québec avec un projet en tête celui de travailler une nouvelle « matière » le pixel. De 8 ans de recherche, un projet est né, 1024 oeuvres autonomes carrées comme autant de pixels pour composer une seule oeuvre le Ko (Kilooctet). Depuis une dizaine d'années, il a repris un travail plus traditionnel de peinture. Sa recherche le guide vers de nouvelles formes et l'exploration et le détournement de matériaux actuels. Son travail récent est marqué par un dessin linéaire et affirmé. Sa démarche le conduit à réfléchir à la complexité des rapports humains.

On retrouve ses oeuvres dans plusieurs musées européens et parmi des collections publiques et privées dans le monde.

 © David Farsi, Formes et signes, 2022 (détail)